Chaque année, suite à des pertes hivernales liées à différents problèmes (Varroas, environnement, diminution de la fertilité etc…) nous sommes obligés de reconstituer le cheptel, pour maintenir sa croissance et favoriser le renouvellement.
Il faut comprendre que nous travaillons avec des colonies d’abeilles qui ont à leur tête une reine. La reine étant la mère des abeilles de la colonie, c’est elle qu’il faut sélectionner pour avoir des ruches qui correspondent à ce que je recherche. De fait, chaque année dans un souci de diversité génétique j’achète des reines dument sélectionnées par des éleveurs spécialisés.
Ces reines sont testées durant une saison comme reines de production et, après validation, peuvent devenir reines souches, c’est à dire les mères de mes futures reines. Pour ma part une bonne reine, se voit par une colonie d’abeille qui résiste bien aux maladies, qui essaime peu, qui est douce, qui sait s’adapter au changement de météo et qui a une grande variation de population (haute en été et basse en hiver).
Chaque œuf femelle pondu par une reine peut potentiellement devenir abeille ouvrière ou reine. Pour devenir reine elle doit évoluer dans une cellule plus grosse que la normale et être nourrie à la gelée royale.
Après avoir trouvé mes fameuses reines souches, je procède au « greffage » c’est à dire que je prélève une très jeune larve femelle et la place dans un cadre garni d’alvéoles de dimension supérieure capable d’accueillir une reine. Ce cadre est placé dans une ruche dite orpheline qui élèvera mes futures reines.
Avant leurs naissances je les sépare et les place dans des « nucléis », mini-ruches peuplées d’abeille qui me permettront d’accueillir ces jeunes reines vierges et seront placées dans un rucher de fécondation. Le rucher de fécondation est composé également de ruche « à mâle » qui sont eux même sélectionnés pour former les meilleurs géniteurs de mes reines.
La fécondation de la reine à lieu une fois dans sa vie environ 5 jours après sa naissance. Elle procède à un vol nuptial qui à lieu à une trentaine de mètre d’altitude, la reine se fait féconder par plusieurs mâles. Elle stocke le sperme dans une poche appelé spermathèque et utilise les spermatozoïdes à volonté jusqu’à épuisement pour la création d’œuf femelle.
Il faut comprendre que l ‘abeille pour se reproduire ne regarde pas l’individu mais la colonie qui doit se dédoubler ou plus, on appelle ce phénomène l’essaimage.
L’essaimage est le fait que la vieille reine parte de la ruche avec une partie des abeilles, laissant sa place à une jeune reine dans la ruche d’origine.
En tant qu’apiculteur (récolteur de miel), arriver après l’essaimage n’est pas favorable pour notre récolte de miel.
C’est pourquoi au printemps nous retirons des abeilles de la colonie (sans prendre la reine) pour créer ce que l’on appelle un essaim artificiel.
Dans cet essaim artificiel nous introduisons notre reine issue de notre élevage. Nous avons maintenant une jeune colonie élevée dans une ruchette 6 cadres au lieu de 10 pour une ruche.
Les mâles représentent en pleine saison de reproduction seulement 5% de la population d’une ruche. Leur seul but est de féconder les jeunes reines. Toujours dans un souci de sélection, à la fin de l’hiver je place dans mes ruches les mieux notées des cadres « à mâle » c’est à dire pourvus d’alvéoles un peu plus larges que celles destinées aux abeilles, ceci afin d’inciter la reine à pondre des œufs mâles. Ces ruches sont placées dans les ruchers de fécondation et seront ensuite pourvoyeuses de géniteurs pour les reines prêtes au vol nuptial.